Lettre d'adieu de Joseph THORAVAL
écrite de la maison d'arrêt de Fresnes dans la Seine



Joseph THORAVAL

THORAVAL Joseph, Marie
Né le 4 juillet 1922 à Lanrivain (Côtes-du-Nord, Côtes d'Armor), fusillé le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien en Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine), marin d'état, gaulliste.
Cette lettre est la dernière que je vous écris.

On vient de me prévenir à l'instant que la condamnation à mort vient d'être confirmée...

Je regrette de ne pouvoir vous raconter moi-même toute l'affaire, mais j'espère qu'on vous la racontera un jour ou l'autre et vous verrez alors que j'ai fait mon devoir.

Pauvres parents, c'est pour vous que j'ai de la peine, pour vous qui vouliez mon bonheur, qui vouliez me rendre heureux et qui vous sacrifiez même pour moi...

Sachez mes biens chers parents que vous avez toujours une grande place dans mon cour. Depuis presque un an que je vous ai quittés, j'ai vu combien vous m'étiez chers.

Aussi maman, surtout toi qui es si sensible, je te demande de te consoler de ma perte, d'être forte et courageuse et de chérir un petit peu plus Jean, Paulette, Raymond et Georges si c'est possible. Aux petits je leur demande d'être toujours obéissants, bons, tendres, affectueux, pour leur papa et leur maman car, sinon, plus tard ils le regretteraient amèrement...

Je vous embrasse tous d'un dernier élan de mon pauvre cour.

Pensez aussi à ceux qui ont été bons pour moi et qui ont fait tout leur possible pour essayer de me sauver. Je leur serai reconnaissant jusqu'à la fin.

Alors adieu chers parents, ma dernière pensée sera pour vous.

Votre fils qui vous aime et qui pensera à vous jusqu'à la dernière minute.

Joseph